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LE BON CRU 2000 DES VENTES FRANÇAISES EN AFRIQUE

ANALYSE ANNUELLE DU COMMERCE FRANCE / AFRIQUE
Les ventes françaises en Afrique en 2000

Cette rubrique regroupe plusieurs pages:

 


L'insertion de l'Afrique dans le commerce international
Le Commerce inter-africain
Provenance des importations des PAZF
Les ventes françaises en 2002
Les ventes françaises de 1999 à 2001
Les ventes françaises en 2000
Les ventes françaises en 1999

 

 

5 LE BON CRU 2000 DES VENTES FRANÇAISES EN AFRIQUE :

Consultez le tableau de l'évolution des exportations françaises en Afrique sub-saharienne de 1998 à 2000 (PDF, 12 Ko) Commentaires de Jean-Louis Terrier, Credit Risk International
parus dans Afrique Projets N° 87 du 26 mars 2001

Année après année depuis 1996, les exportations françaises en Afrique sub-saharienne jouent au Yo-Yo : +9,6% en 1996, -3,5% en 1997, +20% en 1998, -12,7% en 1999 et +38,2% en 2000.

Or, aussi curieux que cela puisse paraître, ces hoquets obéissent moins à la conjoncture heurtée de nos clients africains qu'aux caprices des flots depuis que les chantiers navals français construisent des paquebots de plaisance pour le pavillon de complaisance libérien !

C'est ainsi qu'avec une livraison de navires pour quelque FF 9,9 mds, le bien malade Liberia est devenu l'an dernier le premier client, sans doute provisoire, de la France dans la région… Il faut donc comparer ce qui est comparable.

Et, en retranchant des résultats douaniers ces ventes extraordinaires sur le Liberia, on obtient tout de même une progression de 12,6% en l'an 2000 et même de 8% pour les ventes de biens d'équipement (voir le tableau de la page suivante établi comme chaque année en distinguant, pays par pays, biens de consommation, intermédiaires et d'équipement, en données CAF-FAB, ventes d'armement exclues).

Par conséquent, le cru 2000 est de bonne qualité sans qu'on puisse encore se prononcer s'il sera de longue garde !

En croissance généralement plus sensible vers les pays de la Zone franc (+13,4%) que vers les autres marchés subsahariens (+11% hors Liberia), les exportations françaises ont profité bien sûr de l'embellie de la demande des pays pétroliers tels que le Nigeria (+24%), le Congo (+24%), le Gabon (+29%) et le Cameroun (+13%) sans paraître trop souffrir de la récession en Côte d'Ivoire (+16% grâce, il est vrai, aux biens d'équipement).

En revanche, quand les choses vont mal, soit par retrait de l'aide soit pour des raisons diplomatiques, nous souffrons, au Zimbabwe (-38%), en Angola (-8%) ou même en Guinée (-9,5%)…

Mais derrière les cinq locomotives traditionnelles que sont dans l'ordre (et hors Liberia) l'Afrique du Sud, la Côte d'Ivoire, le Nigeria, le Sénégal et le Cameroun, on constate quelques signes encourageants : La France accroît sensiblement ses ventes de biens de consommation dans les pays hors Zone franc, notamment en Afrique du Sud (+50%) et au Nigeria (+23%, auquel une bonne partie de nos ventes pharmaceutiques, automobiles et électroménagers au Bénin est en outre destinée, et sans oublier que nous avons vendu pour un milliard de francs de carburant à ce pays pétrolier !) ;
Les exportateurs français semblent moins hésiter à sortir des sentiers battus de la Zone franc, voire des seuls gros marchés. En témoignent de fortes progressions sur de tous petits marchés tels que le Botswana (+53%), l'Ouganda (+67%) ou la Tanzanie (+10%) mais aussi les pays en guerre : la Sierra Leone (x3), le Burundi (+47%), l'Erythrée (+86%), la Somalie (+32%), la Guinée Bissau (+61%) ou la RDC (+60%)… Reconnaissons que cette tendance assez générale souffre quelques exceptions, puisque nos produits ne percent pas encore au Malawi (-24%), au Rwanda (-14%) et au Swaziland (-24%), le cas de la Guinée Équatoriale, nouveau membre de la Zone franc, étant lié à la fourniture ou non d'équipements pétroliers. Au total, cependant, tout se passe comme si l'afro pessimisme qui est généralement de mise dans les cercles pensants de notre pays n'avait pas de prise sur les flux commerciaux vers une zone dont on signale sans cesse le déclin relatif mais dont on oublie de dire que la France y bénéficie d'une position commerciale qui s'accroît plutôt qu'elle ne décline, notamment dans les pays de la CEMAC.

 

 

L’Afrique, premier débouché de la France dans les pays émergents
2000
(en mns de FF)
Exports % Soldes
Hors UE 783.717 100 -88.130
Dont :      
Pays de la Zone Franc 21.490 (2.7) +10.164
Autres Afrique Noire 33.095 (4.2) +7.538
Total Afrique subsaharienne 54.585 (6.9) +17.702
+ Afrique du Nord 65.285 (8.4) +13.042
Total Continent africain 119.870 15.3 +30.744
+ Moyen-Orient 75.606 9.6 +2.573
+ Amérique Latine 51.903 6.6 +12.016
+ PECO + C.E.I. 83.185 10.6 -9.997
+ Asie (hors Japon) 118.452 15.1 -64.231
= Total pays émergents 449.016 57.3 -28.895
Pays industriels (hors UE) 334.701 42.7 -59.235


Quand on examine, dans le tableau ci-dessus, les chiffres douaniers de l'année 2000 (CAF-FAB hors armements) de l'exportation française hors Union européenne, comme il se doit depuis que le "marché unique" et l'euro font de l'espace européen un marché intérieur élargi, on constate : 1) que le déficit 2000 CAF-FAB de la France est important (FF 88 mds) dès qu'on ne prend pas en compte l'excédent (FF 47 mds) réalisé dans ses échanges intra-UE ;
2) que nos ventes dans les pays émergents pèsent alors davantage (57,3%) que celles dans les pays industriels (pays OCDE hors UE), un fait majeur qui s'impose d'ores et déjà en termes stratégiques au sein des grands groupes exportateurs ;
3) que la France vend davantage (15,3%) dans le continent africain (Afrique du Nord comprise) qu'en Asie hors Japon, seconde évidence qui nous rappelle que la mondialisation des échanges commence d'abord par une accentuation des flux avec les "arrière-cours" régionales, l'Asie-Pacifique pour le Japon, l'Amérique latine pour les Etats-Unis et l'immense zone eurafricaine et proche-orientale pour l'Europe ;
4) que les excédents considérables dont la France bénéficie sur le continent africain (FF 31 mds en 2000) permettent de rééquilibrer en partie les déficits enregistrés en Asie et avec certains pays industriels tels que le Japon, les Etats-Unis (déficits traditionnels), la Russie et la Norvège (déficits pétroliers) ;
5) qu'en particulier, le taux de couverture exportations/importations françaises dans les quinze pays de la Zone franc (190%) permet de dégager année après année environ FF 10 mds de ce qu'il faut bien qualifier de rente de situation, laquelle n'a aujourd'hui d'autre légitimité que celle de nous permettre de réussir hors Zone franc. Jean-Louis Terrier, Credit Risk International (cri.jlt@wanadoo.fr) Consultez le tableau de l'évolution des exportations françaises en Afrique sub-saharienne de 1998 à 2000 (PDF, 12 Ko)