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LES EXPORTATIONS FRANÇAISES EN AFRIQUE EN 1999

ANALYSE ANNUELLE DU COMMERCE FRANCE / AFRIQUE
Les ventes françaises en Afrique en 1999

Cette rubrique regroupe plusieurs pages:

 


L'insertion de l'Afrique dans le commerce international
Le Commerce inter-africain
Provenance des importations des PAZF
Les ventes françaises en 2002
Les ventes françaises de 1999 à 2001
Les ventes françaises en 2000
Les ventes françaises en 1999

 

 

6 LES EXPORTATIONS FRANÇAISES EN AFRIQUE EN 1999 :

Consultez le tableau de l'évolution des exportations françaises en Afrique sub-saharienne de 1997 à 1999 (PDF, 12 Ko) Commentaires de Jean-Louis Terrier, Credit RISK International
parus dans Afrique Projets N° 72 du 13 juin 2000

Au gré de contrats d'équipement au demeurant assez peu nombreux, les exportations françaises en Afrique subsaharienne (ASS) pratiquent le yo-yo depuis quelques années, augmentant une année, fléchissant l'année suivante et ainsi de suite.

De fait, après l'embellie de 1998, les ventes en ASS ont connu, en 1999, une chute de 12,7%, moins prononcée sur les pays de la Zone Franc-PAZF (-10,4%) que sur les autres, de même que plus sévère sur les biens d'équipement (-16,8%) que sur les biens de consommation courante (-7,2%).

Trois raisons expliquent cette (re)chute : 1) L'année de référence, 1998, tout d'abord. La livraison exceptionnelle, en 1998, de paquebots à une société américaine domiciliée au Liberia pour FF 4 mds, avait gonflé d'autant le niveau des exportations dans la région. De sorte que si on compare l'année 1999 à 1997 (voir colonne 4 du grand tableau de la page précédente) au lieu de 98, on constate une légère progression et non un déclin...
2) Ensuite, le fléchissement de nos ventes (tous produits) sur les PAZF exportateurs de pétrole affectés par les très bas prix du baril en 1998 et jusqu'en mars 1999. Cette contraction a été très sensible dans le cas du Gabon (-27%) et du Congo (-31%), un peu moins pour le Cameroun (-6%). On notera que nos ventes ont, en revanche, bien progressé dans 2 pays hors Zone franc, également affectés par la crise pétrolière : l'Angola (+28%, grâce aux équipements pétroliers) et le Nigeria (+5%, grâce à la pharmacie et à l'automobile).
3) Un peu partout en ASS, on assiste à un tassement des commandes d'équipements, faute, bien entendu, de financements susceptibles de solvabiliser une demande latente élevée. Cela expose le commerce extérieur français dans cette région, et notamment en Zone Franc, au risque de s'appuyer de plus en plus sur le commerce, voire le négoce, de biens courants. Et ceci bien que la région souffre d'un manque criant d'infrastructures et alors que les biens d'équipement ont toujours été et demeurent l'élément moteur des exportations françaises en Afrique (52% du total) devant les biens de consommation (40%) et les biens intermédiaires (8%). L'observation des marchés pré-émergents de l'Afrique subsaharienne démontre que les biens de consommation sont des révélateurs de crise et que les biens d'équipement peuvent être des amortisseurs de crise. Sur le premier point, la démonstration en est fournie en 99 avec la Côte d'Ivoire, notre premier marché dans la Zone Franc. La contraction de 10% des ventes françaises dans ce pays l'an dernier témoigne que la récession n'a pas débuté en décembre mais bien avant, comme le confirment d'ailleurs les données préliminaires de l'économie ivoirienne.
Quant à la question de savoir si les biens d'équipement sont un amortisseur de crise, cette démonstration nécessite, on en conviendra, un certain volontarisme accompagné de quelques moyens financiers, notamment ceux à "effet de levier" sur le secteur privé. Pour reprendre l'exemple de la Côte d'Ivoire, le fait est que la crise n'a pas empêché le rattrapage opportun du financement du 3ème pont d'Abidjan par l'AFD et Bank of Africa. On le constate, les arguments ne manquent pas qui s'opposent aux partisans du repli ou du redéploiement vers des zones jugées plus prometteuses.

Certes, l'Afrique n'a pas bonne presse et il faut avouer que de trop nombreux Etats africains y contribuent assez dramatiquement. Pourtant, à près de FF 40 mds, les ventes françaises en ASS pèsent presque autant que celles que nous destinons à la "Grande Chine" (RPC + Hong-Kong + Taiwan) ou aux 6 principaux PECO (Pologne, Tchéquie, Hongrie, Roumanie, Slovaquie, Bulgarie), ou encore 2 fois plus que vers le MERCOSUR.

Ces comparaisons sont d'autant moins incongrues que notre commerce an ASS dégage un excédent de FF 11,5 mds (CAF-FAB) en 1999, contre un déficit de plus de FF 29 mds sur la Grande Chine !

Pourquoi, au nom de quoi faudrait-il déserter une terre de profit, où, pour moins de 2% de nos ventes à l'étranger, nous engrangeons plus de 12% de nos excédents FAB-FAB (matériels militaires inclus) ?

 

la zone franc, poids plume de l’afrique la france, poids lourd de la zone franc
Poids
respectif
Afrique Noire Dont:
Zone Franc
Poids de
la France
Afrique
noire
Dont:
Zone Franc
Population (mns) 645 99
(15,3%)
Exportations françaises
(FF mds)
39 19 (48,7%)
PNB
(FF mds)
2280 331
(14,5%)
Excédents
France
(FF mds)
11,5 8,6 (74,8%)
Importations
(FF mds)
590 75
(13,6%)
Part de
marché
(en %)
6,60%
(3,9 hors ZF)
25,30%


Par ailleurs, le tableau ci-dessus confirme en chiffres ce que nous savons déjà tous : le poids des exportations françaises en ASS n'est déterminant que dans les pays de la Zone Franc.

Hors Zone franc, la part de marché de la France est inférieure à 4%, soit un gros point de moins que le poids de l'économie française dans le monde (5,3%).

C'est dire assez les efforts que nous allons devoir déployer en dehors du champ de notre histoire, de notre langue et de nos réseaux....

Car il devient urgent de conquérir hors Zone Franc de nouvelles parts de marché pour défendre celles dont nous bénéficions encore en Zone Franc, lesquelles vont connaître une érosion inexorable du fait de l'élargissement de la concurrence-prix au sein de la Zone Euro-CFA.

Jean-Louis Terrier, Credit Risk International (cri.jlt@wanadoo.fr) Consultez le tableau de l'évolution des exportations françaises en Afrique sub-saharienne de 1997 à 1999 (PDF, 12 Ko)