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Analyse annuelle du commerce bilatéral avec la France - Mali

 

LES ÉCHANGES COMMERCIAUX AVEC LA FRANCE
au 1er semestre 2004

Il semble que les échanges commerciaux de la France et du Mali soient entrés depuis deux ans dans une phase d'instabilité. 

En effet, alors qu'ils avaient connu une progression régulière et ininterrompue depuis 1994, leur évolution parait beaucoup plus instable depuis 2002 puisque sur le premier semestre 2004 (comme il y a 2 ans) les exportations françaises baissent de 10,6%, à 92,8 millions d'euros. 

Les importations françaises marquent un nouveau recul de 8%.

 

1 LES EXPORTATIONS FRANÇAISES :

Après une légère reprise sur l'année 2003, les exportations françaises chutent de 10,6% au premier semestre 2004 

Alors que jusqu'en 2002, le courant des exportations françaises vers le Mali était porté par une conjoncture économique favorable (et, notamment les besoins engendrés par les travaux à réaliser dans le cadre de la Coupe d'Afrique des Nations 2002) ce flux parait évoluer, pour les 6 premiers mois de 2004, en sens contraire des perspectives conjoncturelles. 

Les exportations françaises atteignent donc un montant de 92,8 millions d'euros affichant une baisse de 10,6% alors que l'économie malienne devrait connaître en 2004 un taux de croissance de 0,5%.

Cette évolution s'inscrit d'ailleurs dans un contexte régional de baisse généralisée puisque les exportations françaises vers les pays de la zone franc diminuent de 4% sur la période, le Mali drainant 6,4% de ce courant d'affaires. 

Les importations françaises en provenance du Mali se contractent également, à hauteur de 8%, avec un montant de 4,4 millions d'euros.

Dans ce contexte, le solde commercial diminue fortement même s'il reste largement positif, passant de 98,9 à 88,3 millions d'euros, soit un niveau sensiblement inférieur à celui atteint en 2002 ; le taux de couverture n'est donc plus que de 2092%.

La progression des exportations agroalimentaires et automobiles de 2003 entièrement effacée en 2004

Portés par une conjoncture spécifique favorable, les secteurs agricole, agroalimentaire et des produits de l'industrie automobile s'étaient montrés particulièrement dynamiques en 2003 ; ils font l'objet d'une forte baisse en 2004 puisque l'ensemble agricole/agroalimentaire se retrouve en dessous du niveau atteint en 2002 (enregistrant une baisse de 26%) alors que l'automobile retrouve le montant réalisé cette année-là.

Les exportations françaises de produits agricoles et agroalimentaires sont fortement dépendantes du sucre, de la farine et de la poudre de lait qui, pour être des produits de première nécessité, font fréquemment l'objet de trafics et d'importations frauduleuses.

L'évolution mentionnée plus haut s'explique par le fait que les exportations françaises de farine et produits dérivés ont baissé de 1,7 million d'euros du 1er semestre 2003 à celui de 2004 (en raison de la hausse des droits de douane) et que celles de sucre (fortement concurrencées par les exportations brésiliennes) sont passées de 2,9 millions d'euros à 0.

Plusieurs catégories de biens intermédiaires sont également en forte régression avec -40,9% pour les produits chimiques, -25,9 pour les métaux et produits métalliques et -24% pour les composants électriques et électroniques.

Alors que les ventes de biens d'équipement professionnel stagnent, seule la catégorie des biens de consommation est en légère augmentation, avec un taux de 4,3% malgré une baisse de 5,8% pour les produits pharmaceutiques, de parfumerie et d'entretien.

Les ventes de combustibles et carburants augmentent de 51,4%, passant de 584 à 884 milliers d'euros.

En fait, les exportations françaises sont composées à 60% de biens durables et de produits intermédiaires qui continuent à subir, au début de 2004, les aléas d'un secteur très favorisé jusqu'en 2002 par les travaux de la CAN et la couverture jusqu'en 2003 des nouveaux besoins des entreprises privatisées. 

Cette tendance au ralentissement des exportations avait d'ailleurs déjà pu être observée sur la seconde partie de l'année 2003 alors que le premier semestre laissait supposer des perspectives favorables ; le deuxième trimestre 2004 marque d'ailleurs un début de reprise par rapport au premier. 

De plus, les difficultés rencontrées par la CMDT et EDM (qui sont les deux principales entreprises du Mali) ont perturbé leur programme d'investissements, exerçant une influence négative sur le courant de leurs importations.

De plus, les montants concernés étant relativement faibles, un retournement de conjoncture même limité peut avoir un impact important sur le volume des échanges ; en outre, il n'est pas rare que certains commerçants réalisent, dans un cadre informel pour des raisons de commodité, des opérations d'importation. 

Ce type d'initiatives perturbe, bien entendu, l'analyse des courants.

 

2 LES IMPORTATIONS FRANÇAISES EN PROVENANCE DU MALI :

Les importations françaises à nouveau orientées à la baisse

La baisse des exportations maliennes atteint un taux de 8%, réduisant le montant des ventes de 4,8 au premier semestre 2003 à 4,4 millions d'euros en 2004. 

Cette baisse s'explique essentiellement par la chute des ventes de produits agricoles et agroalimentaires (en l'occurrence surtout de mangues). 

Les importations françaises de ces deux catégories de produits ont donc diminué de 22%.

Cette tendance se traduit par une baisse très sensible de la part (passant de 86 à 72%) de ces produits à faible valeur ajoutée dans les exportations maliennes.

A titre de corollaire, la nette progression (+367%) des exportations maliennes de biens de consommation est un élément de nature à confirmer la tendance signalée même si le pourcentage enregistré est à manier avec précaution puisqu'il s'applique à des montants très faibles (de 52 000 à 243 000 euros). 

Les résultats ainsi enregistrés s'expliquent, entre autres, par les opérations de promotion engagées, depuis quelques années, sur le marché français par les Autorités maliennes au bénéfice du secteur de l'artisanat.

En tout état de cause, le montant très limité de ce flux rend (encore plus que pour les exportations françaises) particulièrement aléatoire toute analyse précise des raisons de son évolution.

 

3 CONCLUSION :

En 2003 les exportations françaises pourraient se redresser au cours du second semestre. 

Les exportations françaises vers le Mali connaissent depuis deux ans une évolution erratique qui traduit, malgré le degré élevé de captivité du marché malien à l'égard des exportateurs français (lié notamment au nombre important d'investisseurs français ainsi qu'à la forte communauté malienne immigrée en France), la vulnérabilité de ce marché à l'égard des aléas climatiques et des fluctuations conjoncturelles. 

Cette conjoncture exerce, par exemple, un impact important sur la capacité de développement de la CMDT ; de plus, le Mali étant peu industrialisé, le courant d'exportations françaises est fortement lié à la réalisation des grands projets d'infrastructures dont la mise en œuvre, conditionnée par la réactivité des bailleurs de fonds et la capacité de suivi de l'administration malienne, est souvent aléatoire.

 

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Rédigée par : Didier VELLER
Revue par : Nicolas SADON 

  Date de parution : Octobre 2004